Ta voix reste ta plus belle arme.
Starr a seize ans, elle est noire et vit dans un quartier difficile, rythmé par les guerres entre gangs, la drogue et les descentes de police.
Tous les jours, elle rejoint son lycée blanc situé dans une banlieue chic ; tous les jours, elle fait le grand écart entre ses deux vies, ses deux mondes.
Mais tout vole en éclats le soir où son ami d’enfance Khalil est tué. Sous ses yeux, de trois balles dans le dos. Par un policier trop nerveux. Starr est la seule témoin. Et tandis que son quartier s’embrase, tandis que la police cherche à enterrer l’affaire, tandis que les gangs font pression sur elle pour qu’elle se taise, Starr va apprendre à surmonter son deuil et sa colère ; et à redresser la tête.
« Un texte coup de poing, une auteure qui bouscule l’Amérique. »
Voilà les premiers mots de la jaquette de l’épreuve non corrigée que les Éditions Nathan ont eu la gentillesse de m’envoyer.
Et c’est ce qu’il est : un texte coup de poing. J’écris ces lignes plusieurs semaines après avoir terminé ce livre, et je sens qu’il me retourne encore l’estomac.
Dans cette histoire, nous faisons la rencontre de Starr, une adolescente noire, qui vit dans un quartier difficile, entre gangs et coups de feu, et qui se rend tous les jours dans un quartier chic, dans un lycée blanc. Elle a donc des amis noirs, des amis blancs, une famille noire, et un petit ami blanc. Tous les jours, elle change d’univers, et elle change elle aussi. Elle ne peut se comporter de la même façon à l’école, avec ses camarades, qu’au quartier, avec ses autres amis. Elle ne veut pas être la « harpie noire », la lycéenne de banlieue, avec les habits, le comportement et le langage de son quartier. Elle navigue donc entre deux Starr, deux vies. Switcher entre ces univers crée un sentiment de malaise, de décalage, voire de honte. Mais parfois, ces deux mondes s’entrechoquent…
La plume de l’auteur est simple, accessible, le style familier, jeune. Les nombreuses références à la pop culture (Harry Potter), au monde réel (sport, réseaux sociaux), renforcent la proximité entre Starr et son histoire, et le lecteur, qui lui, ne vit pas (forcément) au milieu des guerres de gangs. Ce dernier peut ainsi s’identifier, et ce qu’il se passe ne le touche que d’autant plus, et il ne peut que se sentir concerné, et révolté. Portés par la plume d’Angie Thomas, nous avons l’impression de suivre des amis ; nos amis.
La vie au quartier n’est pas évidente, et les habitants vivent dans la peur, écrasés par la loi du silence ; personne ne veut être une « balance ». Même les anciens gangsters, qui ont quitté leur groupe, ne peuvent mener une vie normale. On ne quitte jamais vraiment son gang. Ou plutôt, lui ne nous laisse jamais vraiment tomber.
C’est fou de se dire que quelques rues plus loin, tout est différent. Le langage, le comportement, la nourriture, les habitudes, la culture… Comme deux mondes qui se touchent, mais ne se mélangent pas ; deux mondes qui évoluent chacun à leur manière, se partageant une même ville.
Forcément, au cœur de ce récit, il y a le racisme, mais surtout, sa banalisation. L’habitude que l’on prend de rire « pour faire comme tout le monde », sans même se rendre compte de ce qu’on dit, et d’à quel point ça (peut) blesse(r). Il n’y a rien de pire que de ne plus avoir conscience du Mal ; que l’on a devant soi, que l’on fait soi-même, ou que l’on accepte en ne réagissant pas.
Si on parle de racisme, nous parlons aussi d’injustice, de maltraitance. Nous ne sommes pas violents qu’entre nous ; les forces de l’ordre, les médias, l’opinion publique… Tout cela l’est aussi. Au final, nous baignons dans la violence, et celle-ci nous affecte, et nous corrompt même pour certains.
Des raccourcis sont trop souvent faits : si tu es noir, tu es dangereux, imprévisible, voyou ; si tu as de la drogue sur toi, et que tu es noir, tu es forcément un dealer. Ainsi, Khalil n’est plus Khalil, un jeune homme avec des espoirs, des rêves, avec une famille et des amis, mais un dealer. À partir de là, il n’est plus une victime, mais un voyou qui méritait d’être tué, car il aurait forcément fini par faire le mal autour de lui. Le policier prend alors la place de victime, qui s’est seulement défendue pour sauver sa vie.
Je trouve cela fou de devoir se battre pour la Justice, pour une question de couleurs de peau. Les choses auraient été vite réglées si Khalil n’avait pas été noir, ou si le policier n’avait pas été blanc !
Pour conclure :
Ce récit est poignant, un réel coup de poing, et je comprends sans peine qu’il ait pu bousculer l’Amérique. Avec plus de 300 000 exemplaires vendus aux États-Unis en 8 mois, The Hate U give a été numéro 1 sur la liste du New York Times – YA pendant 32 semaines et ses droits ont également déjà été vendus dans 18 pays. La peur des gangs, les familles déchirées, la violence omniprésente, la banalisation du racisme, les amalgames autour de la couleur de peau… ce livre est choquant, et révoltant ! Et il l’est d’autant plus, que c’est la réalité. Tout comme 13 reasons why de Jay Asher qui est à ce jour le livre qui m’a le plus touchée (le sujet me concernant plus directement), The Hate U Give est un livre, une histoire, un témoignage, à découvrir.
On sent que l’auteure sait de quoi elle parle, et j’ai hâte de voir le film prévu pour cette année, produit par la Fox, avec Amandla Stenberg (Hunger Games, Everything Everything) dans le rôle de Starr ; et croyez-moi, vous n’êtes pas prêts.
Percutant, brillant, bouleversant.
John Green
… tout le monde devrait lire The Hate U Give d’Angie Thomas.
Huffpost
Avec The Hate U Give, le roman pour ados devient une arme politique. [Le livre d’Angie Thomas est] encensé tant par la critique que par le public.
Courrier international
Plus éclairant sur le vécu des Africains-Américains dans les États-Unis d’aujourd’hui que tous les livres que j’ai pu lire ces dernières années, fiction et essais confondus.
The Guardian
L’auteure :
Angie Thomas est née et vit à Jackson, Mississipi. Rappeuse quand elle était adolescente, elle est désormais diplômée en Écriture créative. The Hate U Give est son premier roman.
Avant d’être traductrice, Nathalie Bru a été journaliste et rédactrice en chef, dont sept ans aux États-Unis. Son goût pour l’écriture, la langue anglaise et la littérature l’ont amenée à se tourner vers la traduction, qu’elle exerce aujourd’hui à plein temps. Si elle traduit parfois de la littérature jeunesse, la majeure partie de son travail s’exerce en littérature adulte. Nathalie Bru est ainsi la traductrice de Paul Beaty, qui a obtenu en 2016 le prestigieux Man Booker Prize pour Moi contre les États-Unis (Éditions Cambourakis). Sa connaissance de la culture américaine et afro-américaine, son sens du rythme et ses recherches lui ont permis de rendre toute la force de l’oeuvre du romancier. Et c’est avec la même exigence qu’elle s’est attelée au défi de traduction que représente The Hate U Give.
- Date de parution : 5 avril 2018
- Éditeur : Nathan
- Traduit de l’américain par Nathalie Bru
- Nombre de pages : 496
- Prix : 17,95 €
4 comments
Un roman qui me tente beaucoup et qui je pense doit être lu !
Merci pour ta chronique ^^
Merci à toi d’être passée par ici :) Et en effet je pense que c’est une lecture importante.
cela là me tente bien !
C’est un bon livre, mais surtout, un beau livre. Je pense qu’il fait partie de ces livres qu’il faut lire.